La phytothérapie est-elle une incongruité de notre époque ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Pourquoi vous intéressez-vous à la phyto ? Après tout, la médecine a fait des progrès considérables grâce à la chimie. La chimie de synthèse, s’entend. On a pu créer des molécules nouvelles jusqu’alors inconnues, souvent inspirées de molécules naturelles, il est vrai, mais qui les ont débarrassées de leurs faiblesses occasionnelles : pas assez d’efficacité, durées d’action trop courtes, rapport toxicité-efficacité trop élevé, manque de spécificité et aussi souvent un coût de production rédhibitoire. Et puis il y avait aussi les maladies qu’on ne savait pas traiter il y a encore moins d’un siècle: les infections, l’hypertension artérielle, les troubles psychiatriques, le cancer, l’inflammation articulaire, les petites douleurs, la migraine, pour ne citer que les plus marquantes. Alors ? Comment expliquer la présence des médecines dites alternatives en 2012, à côté des molécules de synthèses, du génie génétique et des techniques chirurgicales et de réanimation de pointe ?
Eh bien, tout d’abord, le tableau volontiers idyllique décrit par l’industrie pharmaceutique est souvent surévalué pour des raisons faciles à comprendre. Les médicaments qui sont développés sont souvent mal adaptés à des affections chroniques d’importance mineure, mais qui peuvent gâcher la vie de tout un chacun et aussi faire le lit de problèmes nettement plus sévères. Cette disproportion entre le mal et le remède, entre la mouche et le marteau-pilon est devenue flagrante. De trop nombreux médicaments, développés pour traiter des maladies graves se sont ensuite répandus dans la population des petits malades chroniques qui bénéficient ainsi de l’efficacité choc, mais pâtissent aussi des risques qui leur sont attachés. En pharmacologie la loi du « qui peut le plus peut le moins » ne s’applique pas.
La phytothérapie a sa place dans cet écart qui sépare la fin des moyens. Elle a sa place par des effets thérapeutiques peut-être moins percutants, mais moins générateurs de problèmes au long cours et qu’il est possible de maintenir sur de longues périodes sans difficultés.
Mais pourquoi la phytothérapie pourrait-elle occuper cette place si nécessaire ? Et tout d’abord, qu’est-ce que c’est que la phytothérapie? Une lecture du dictionnaire nous renvoie à une lapalissade : il s’agit de la médecine par les plantes. Mais est-ce juste cela ? Les plantes sont actives grâce aux molécules qu’elles contiennent. Alors, pourquoi ne pas utiliser tout simplement ces molécules-là, justement ? Et dans ce cas, est-ce que l’on fait encore de la phyto ?
La réponse est non, comme chacun le sent sans s’être forcément posé la question. Qu’est-ce qui différencie le produit de phyto, d’une molécule naturelle issue d’une plante ?
De façon empirique, les praticiens constatent qu’un extrait de plante, à dose égale en une molécule active, est toujours plus actif et moins toxique que la molécule en question donnée pure. La plante contient donc d’autres molécules que les molécules actives, qui modulent leur efficacité. Qui en amplifient l’activité. Et plus l’extrait de plante est proche de la composition globale de la plante qui lui a donné naissance, plus cette amplification sera importante. Tout se passe comme si la plante contenait des substances non actives capables d’amplifier l’activité de celles qui le sont. Il y aurait donc dans la plante en quelque sorte des principes actifs soutenus par des principes utiles.
Pour l’instant, cette observation n’a pas été prouvée de façon satisfaisante. Nous sommes là en présence de la théorie manquante de la phytothérapie. De celle qui la justifierait pour de bon en la plaçant sans contestation possible à sa place au sein des méthodes thérapeutiques modernes. En l’absence d’une telle théorie, il est sage d’utiliser des produits de phyto qui soient en accord avec cette observation qui corrobore d’ailleurs la pratique traditionnelle.